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Les Banques Centrales ont tenu un rôle majeur
Nous soulignions le mois dernier le rôle majeur tenu encore et encore par les Banques Centrales dans l’orientation des marchés financiers et leur relative discrétion au mois de mai en pleine période de doute.
Il a suffi que Mario Draghi (gouverneur de la BCE) ouvre la porte à une nouvelle baisse des taux et à une éventuelle reprise des rachats d’actifs au cours de la réunion de la BCE du 6 juin qu’il a confirmée au symposium de la BCE à Cintras pour que les marchés retrouvent le chemin de la hausse. De son côté, le gouverneur de la Fed n’écarte pas la possibilité de baisser les taux compte-tenu de l’incertitude née des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et de la faiblesse du niveau d’inflation. Ces prises de positions ont devancé la réunion du G20 qui a achevé d’ancrer les marchés sur une tendance positive.
En effet, les Etats-Unis et la Chine ont convenu de reprendre le chemin des négociations et dans la foulée Donald Trump a annulé le relèvement de 25% de droits de douane qui devait toucher 300 milliards de dollar de biens chinois. Ce climat de bienveillance a aussi concerné le pétrole pour lequel Arabie Saoudite et Russie ont convenu de prolonger pour « 6 à 9 mois » l’accord de réduction de production OPEP-Russie alors que les tensions géopolitiques entre l’Iran d’un côté, les Etats-Unis et son allié saoudien de l’autre ne cessent de s’accroitre. Le ministre iranien du pétrole soutient aussi ce plan… la réalité économique est intransigeante ! Le prix du pétrole remonte depuis ces annonces.
L’impact du protectionnisme sur la croissance mondiale est évident mais les banques centrales ont su préserver l’essentiel grâce à des politiques monétaires accommodantes. La croissance reste bien orientée tirée par la consommation contrairement à la production manufacturière qui baisse en tendance particulièrement dans les pays développés. Tant que les menaces des Etats-Unis contre ses partenaires subsisteront, le risque commercial ne disparaitra pas et pèsera sur la croissance. En Europe, la perspective d’un Brexit dur se renforce avec la nomination probable de Boris Johnson au poste de 1er ministre le 23 juillet.
Mais l’été a donc commencé sur de bonnes bases sans faire dans la nuance avec une progression de tous les marchés, obligataires, actions, immobiliers et dans toutes les zones géographiques.
Les indices actions signent des rebonds significatifs comme le CAC de + 4.82%, +5.16% pour le S&P500 ou 5.33% pour l’indice MSCI émergent sur le mois de juin.
Sur les marchés obligataires, le retour à un climat plus positif a provoqué une réduction des primes de risque entrainant une réduction des rendements. Les investisseurs deviennent de moins exigeant sur les rémunérations dans cet environnement de taux bas et négatifs. Les rendements positifs deviennent de plus en plus rares sur les marchés obligataires où 13 000 milliards de dettes sont à taux négatifs. Désormais, il faut investir sur une maturité de 4 ans minimum pour obtenir une rémunération à peine positive sur une dette de bonne qualité. Autre illustration de cet environnement de taux bas, la France emprunte à 0% sur une maturité à 10 ans.
Le bilan du 1er semestre sur les marchés est impressionnant quand on regarde la situation en fin d’année dernière après un dernier trimestre catastrophique et des perspectives en berne. Le CAC 40 progresse de 19.4%, les indices obligataires de 6% en moyenne (33% pour l’obligation à 100 ans émise par l’Etat Autrichien en 2017). On remercie les Banques Centrales pour leur pilotage mais attention au retour de manivelles car rien n’est terminé sur le front commercial même si Donald Trump réglera cette question pour ne pas peser sur la croissance et assurer sa réélection en 2020. Le Brexit, les questions budgétaires italiennes sont au menu de la rentrée et avant cela, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ou ailleurs pourraient troubler la période estivale. La modération reste donc de mise.
utomobiles, des matières premières et bancaires ont été à la peine. Les prix du pétrole chutent anticipant un ralentissement économique. Le baril de Brent baisse de 11.5% à 64 dollar en mai.
Cependant, d’un point de vue strictement fondamental, les indicateurs macro-économiques avancés traditionnellement annonciateurs de récession ne délivrent pas ce message. Les Etats-Unis conservent une trajectoire de croissance positive. La Chine ralentit mais il n’y a pas d’inflexion majeure. En Europe, le rythme de croissance reste très modéré.
Les investisseurs anticipent une récession et une baisse des taux à la lumière des tensions commerciales. Sur la question de la baisse des taux, la discrétion des banquiers centraux au cours du mois de mai dont on a invariablement souligné le rôle majeur sur la dernière décennie, a perturbé les marchés. Les réunions de banques centrales du mois de juin sont attendues avec impatience tout comme les prochains tweets d’outre Atlantique et les réactions de la Chine afin de confirmer ou infirmer la tendance et éventuellement revoir les allocations d’actifs.