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Accord USA/Chine : embrasement des marchés financiers
L’orientation des marchés a été, une fois de plus, influencée par les rumeurs de signature de la phase 1 de l’accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis. Les Etats-Unis suspendraient la hausse des tarifs douaniers en échange de l’augmentation par la Chine de ses achats en produits agricoles américains et une évolution de sa position en matière de protection de la propriété intellectuelle. Ainsi, au début du mois, l’optimisme était de mise avec la perspective d’un accord, mais le doute est réapparu quand Donald Trump a indiqué qu’aucun accord permettant de lever les droits de douanes n’était trouvé et que par conséquent il menaçait d’appliquer des taxes supplémentaires à partir du 15 décembre.
Cette capacité à souffler le chaud et le froid de la part du président américain n’est pas nouvelle et a eu pour conséquence des mouvements abrupts sur les marchés ces deux dernières années. Ces revirements ont moins d’impact aujourd’hui mais ils nourrissent un sentiment d’incertitudes que les banques centrales continuent de contenir malgré tout.
La publication des minutes de la FED (le rapport des discussions entre ses différents membres) du mois d’octobre montre que la banque centrale américaine se met en position « wait and see ». Elle considère que la politique monétaire actuelle est adaptée au maintien d’une croissance modérée, d’un marché de l’emploi dynamique et d’une inflation proche de l’objectif de 2%. Les chiffres économiques du mois de novembre sont en amélioration même si la croissance reste anémique. En Europe, la BCE est à la manœuvre avec le lancement de son programme d’achat d’actifs et les statistiques économiques plutôt encourageantes en zone Euro (même si l’Allemagne frôle la récession) sont venues soutenir le moral des investisseurs.
Les taux se sont donc légèrement tendus à la hausse mais les rendements sur les dettes souveraines des pays cœurs de l’Euro restent résolument en territoire négatif à -0.36% pour la dette à 10 ans allemande et à -0.05% pour la dette à 10 ans française. Le contexte reste toujours favorable aux émetteurs qui viennent sur le marché se financer à bon compte malgré un retour très timide d’exigence en matière de rendement de la part des investisseurs.
Ainsi depuis le début de l’année, toute qualité de signatures confondues, le montant des émissions de dettes par les entreprises atteint depuis le début de l’année 420 milliards de dollars largement au-dessus du record de 2017 de 392 milliards de dollars. Les émetteurs nord-américains représentent à eux seuls près de 25% du total. Ces chiffres donnent le tournis et soulignent la conviction partagée par les investisseurs que le flot de liquidités apporté par les banques centrales n’est pas prêt de se tarir.
Cet optimisme se retrouve dans l’évolution des marchés boursiers. Les marchés actions américains volent de record en record, seulement freinés; par les tweets du président Trump. Le S&P 500 progresse de 3.40% sur le mois de novembre quand l’indice Eurostoxx est en hausse de 2.79%.
Aussi, ce sentiment d’optimisme chez la communauté des investisseurs se retrouve dans la modération de la volatilité que l’on observe depuis le début de l’année.
Dans un environnement inondé de liquidités par les banques centrales, les marchés restent donc suspendus aux développements concernant la guerre commerciale. En effet, les réactions du président américain ont une telle influence sur les marchés financiers que les révisions successives de la croissance mondiale à la baisse ont une influence très limitée, pour le moment, sur les marchés. (Selon une étude d’Euler Hermés, les échanges commerciaux à l’échelle mondiale ne devraient augmenter que de +1.5% en 2019 et +1.7% en 2020 vs +3.8% en 2018).
Cependant, l’approche de la fin d’année rend les investisseurs prudents alors que les performances sur tous les marchés sont dans le vert.