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Covid-19 : Propagation, déconfinement et marchés boursiers
La propagation rapide du COVID-19 avait obligé les autorités à mettre en place des mesures de confinement plus ou moins radicales à travers le monde. La maîtrise de la propagation de l’épidémie permet aux États de mettre en œuvre la phase de déconfinement.
Après la Chine qui avait dès le mois d’avril a mis en œuvre le déconfinement dans la région de Wuhan, l’Europe et les États-Unis se sont engagés dans un processus de déconfinement progressif. La crainte d’une 2ème vague reste forte dans la réflexion des responsables politiques. Cependant, la phase de confinement a eu un tel impact négatif sur le plan économique, jamais égalé en temps de paix, qu’il paraissait difficile de maintenir les économies totalement fermées.
Le pari, aujourd’hui, est d’assurer la reprise économique dans un environnement sanitaire sécurisé. Les chiffres macro-économiques publiés au cours du mois de mai montrent qu’il y a urgence en la matière.
Ainsi, sans surprise le nombre de chômeurs et de personnes en activité réduite a continué de croître aux Etats-Unis. En France, les dépenses de consommation ont baissé de 20% au mois d’avril, chiffre record depuis que cette mesure existe. En Allemagne, les commandes à l’industrie chutent de 15%. Enfin en Chine, alors que la production montre des signes de redémarrage, la consommation reste encore poussive en reculant de 7.5% pour le mois d’Avril après une baisse de 16% en mars. Ces dernières données plaident pour un rétablissement des économies très progressif.
Toutefois, les premières enquêtes d’activité après la réouverture des économies indiquent que le point bas en termes d’activité semble avoir été atteint.
Dans ce contexte, les États et les Banques Centrales vont continuer de jouer un rôle pivot dans le soutien aux économies. Après les plans de stabilisation, les plans de relance se succèdent tant au niveau domestique qu’au niveau international.
Ainsi, la proposition franco-allemande, historique, d’un plan de relance de 500 milliards d’Euros a ranimé le couple moribond et pourrait redynamiser l’intégration européenne. La France et Allemagne proposent ni plus ni moins une mutualisation des dettes entre les Etats membres de l’Union Européenne. Cette initiative était inenvisageable sans le changement de doctrine de la part de l’Allemagne et démontre, si nécessaire, la gravité de la crise. L’objectif est de sortir l’Europe de la récession à travers l’emprunt par la Commission Européenne de 750 milliards d’Euros dont 500 milliards seraient redistribués aux États membres sous forme de subventions.
Si la solidarité n’a pas été la marque des États européens pendant la crise sanitaire, l’ampleur de la crise économique à venir pourrait remettre l’unité à l’honneur. La BCE vient conforter le filet de liquidité qu’elle avait déjà mis sur la table en augmentant son programme d’achat de 1000 milliards d’Euros à 1600 milliards d’Euros.
Le déconfinement synonyme de redémarrage de l’activité et les annonces de mesures budgétaires et monétaires ont porté les marchés boursiers. L’indice Eurostoxx progresse de 5.17% sur le mois alors que l’indice S&P 500 gagne 4.53%. On note sur la dernière semaine du mois de mai une accélération plus marquée en zone Euro qu’aux États-Unis, sur fonds de crise intérieure aux USA. L’Europe boursière était en retard et elle apparaitrait comme une des zones les plus stables au monde finalement.
Aussi, le risque d’une deuxième vague comme le retour des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine sont complètement ignorés par les investisseurs. La probable forte remontée des taux de défauts des entreprises dans le sillage de la crise économique n’est pas plus prise en compte. Les primes de risques se réduisent à nouveau, alors que le volume d’émissions de dettes par les entreprises privées ne cesse de croître. Sur les dettes souveraines, les plans de soutien agissent comme un parapluie et les rendements restent ancrés en territoire négatif pour les pays cœurs de la zone Euro et ceux des pays périphériques se réduisent très fortement, Italie en tête.
La poursuite du déconfinement à mesure du recul de l’épidémie est un facteur positif pour l’activité sur lequel s’appuie les investisseurs aujourd’hui. Le rattrapage de plus de la moitié des pertes enregistrées sur les marchés depuis le point bas de la mi-mars ne doit pas cacher des perspectives économiques difficiles. Il faudra une véritable intensification de la reprise pour que les marchés conservent le rythme. Mais il reste aussi indispensable que l’épidémie ne puisse reprendre et cela passe par la découverte d’un vaccin, le véritable catalyseur.