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Marchés financiers : l’influence de l’actualité estivale
Pour ne pas déroger à la tradition des surprises estivales, l’été 2019, a fait l’objet d’une actualité dense non sans conséquence sur les marchés financiers.
Les « market movers»* sont toujours les mêmes : Les Banques centrales, Donald Trump et ses tweets, la guerre commerciale sino-américaine, le Brexit, la situation politique en Italie auxquels viennent s’ajouter la fronde Hong-Kongaise et la dérive financière en Argentine.
Bien évidemment les trois premiers sujets ont fait l’essentiel de la tendance observée ces dernières semaines alors que l’économie mondiale se rétracte.
Ainsi, les Banques centrales ont continué d’agir dans le sens de l’assouplissement afin de rassurer des marchés inquiets après la publication de données macro-économie confirmant le ralentissement de l’économie mondiale. Aux Etats-Unis, la production manufacturière a tendance à ralentir alors que la confiance des consommateurs se maintient à un niveau élevé. En Europe, si les indicateurs de productions manufacturières sont en berne, les indices des services progressent.
Cette ambivalence fait partie des facteurs qui ont conduit la FED à baisser ses taux pour la première fois depuis 10 ans, le 23 juillet. Elle justifie cette décision par la faiblesse de l’inflation et la montée des risques, en particulier les conséquences de la guerre commerciale. Ce mouvement était attendu par les marchés alors que l’indépendance de la FED est en permanence remise en cause par Donald Trump ce qui à terme posera le problème de sa crédibilité. Le président de la FED a réaffirmé au mois d’Août que toutes les options restaient ouvertes en matière d’évolution des taux et que la FED resterait flexible : pas certain que cela suffise au président américain!
De son côté, La BCE n’a pas modifié sa politique monétaire en juillet mais a maintenu la possibilité d’un assouplissement dans les prochains mois. Les économies européennes sont toutes frappées par le ralentissement mais certaines sont quasiment à l’arrêt notamment l’Allemagne avec un PIB qui stagne au 2ème trimestre. Devant cette situation, Mario Draghi, au mois d’août, a annoncé que la banque centrale préparait un paquet de mesures de relance pour la rentrée.
Les marchés boursiers ont accueilli favorablement ces décisions et terminent le mois de juillet quasi stable par rapport à juin. Mais comme à son habitude, le Président Trump s’est rappelé aux bons souvenirs des marchés en relançant les tensions commerciales avec la Chine via un tweet annonçant une taxation des importations chinoise non encore taxées de 10% à partir du mois de septembre. En mesure de rétorsion la Chine a annoncé l’arrêt des importations de produits agricoles US et la taxation de 75 milliards de dollar de produits US. En conséquence, les marchés boursiers ont fortement chuté jusqu’à ce que Donald Trump estime après le G7 qu’un accord est possible faisant remonter les marchés sur les derniers jours du mois d’août. Le mouvement de contestation à Hong-Kong est un autre foyer d’inquiétude compte-tenu des conséquences qu’il pourrait engendrer sur l’économie chinoise.
Au final, les marchés actions sont quasiment au même niveau que ceux du début de l’été montrant l’extrême sensibilité des intervenants de marché alors que même si nous constatons un ralentissement de l’économie mondiale, il n’y a pas de rupture. La consommation progresse et le taux de chômage baisse quand la production industrielle se montre défaillante. Les résultats des entreprises ont été globalement positifs et celles-ci profitent de conditions de refinancement extrêmement favorables à l’instar des Etats. Finalement, les marchés obligataires ont parfaitement traduit la situation globale. Le contexte d’incertitude a favorisé la recherche de valeurs refuges ; l’évolution à la hausse spectaculaire de l’or depuis le début de l’année en est une illustration et la poursuite des politiques de taux bas ou de taux négatifs (Zone Euro, Suisse, Japon) ont maintenu les taux de référence à des niveaux jamais atteints. Le rendement de l’obligation allemande à 10 ans atteint -0.70%. La France emprunte à taux négatif à 10 ans (-0.40%). L’Italie emprunte à 1%, soit 2 fois moins qu’en juin, malgré l’éclatement de la coalition au pouvoir. Le Brexit revient sur le devant de la scène à mesure que la date butoir du 31 octobre approche et que le nouveau 1er ministre, Boris Johnson, souhaite une sortie coûte que coûte.
Cet été a également révélé la situation précaire de l’Argentine dont le marché boursier perd plus de 40% en août sur un risque de changement de majorité politique.
Nous étions prudents à la fin du mois de juin, aucun élément ne nous pousse à changer d’avis en cette rentrée.
*faiseurs de tendances